• période des apôtres

     

    Les spécialistes du Nouveau Testament insistent particulièrement sur le fait qu’aucun Évangile ne mentionne la destruction du Temple de Jérusalem qui eut lieu en 70.

    Cela s’explique facilement si le Temple n’a pas encore été détruit au moment où les évangélistes écrivent.

    Il est possible de dater l’Évangile de Luc avant la première Épître à Timothée

    (écrite vers 64) car Timothée (5,18) cite Luc (10,7) et s’y réfère comme étant l’Écriture

    9Le langage utilisé dans les Évangiles et dans les Actes des Apôtres indique qu’ils ont été écrits dans un temps précédant la persécution en+ 64

    Nous savons, grâce à l’historien Tacite, que la première grande persécution des chrétiens a commencé sous Néron en l’an + 64.

    Enfin, il existe un grand nombre d’arguments pour dater le livre des Actes des Apôtres vers le début des années + 60 (précisément vers 62).

    Comme Luc, le troisième Évangile à avoir été écrit après Marc et Matthieu a été rédigé avant les Actes.

    Il s’ensuit qu’on peut faire remonter l’Évangile de Luc au plus tard vers l’an + 62, et les Évangiles de Matthieu et Marc avant cette date.

    SYNTHÈSE :

    Premièrement, il importe de remarquer qu’aucun Évangile ne mentionne la destruction du Temple de Jérusalem qui eut lieu en l’an 70. Ceci est révélateur, car les évangélistes auraient exprimé leur joie de voir cette prophétie se réaliser.

    Si les Évangiles avaient été écrits après l’an 70, on imagine bien les évangélistes écrire quelque chose du genre : « Jésus l’annonça et cette prophétie se réalisa X années plus tard », afin d’appuyer la messianité de leur héros.

    Mais ils ne font rien de tel ; ils se contentent de retranscrire les paroles de Jésus qui annoncent que la destruction va arriver.

    L’historien Charles Cutler Torrey remarque : « Il aurait été peut-être concevable qu’un évangéliste écrivant après l’an 70 ait pu omettre de faire allusion à la destruction du Temple par les armées romaines [...], mais que trois (ou quatre) évangélistes aient pu oublier d’y faire allusion, cela paraît assez incroyable » (C. C. Torrey, The Apocalypse of John, New Haven, Yale University Press, 1958, p. 86).

    Deuxièmement, on sait que l’Évangile de Luc fut écrit avant la première Épître à Timothée de Paul, car le verset 1 Tim 5,18 cite l’Évangile de Luc (10,7) et s’y réfère comme étant « l’Écriture ».

    C’est donc que l’Évangile de Luc existait avant que Paul n’écrive cette épître, et qu’il était déjà considéré comme « l’Écriture ».

    Or, Paul est mort décapité vers l’an 65 (certains spécialistes disent 67) ; il a donc dû écrire son épître avant cette date, ce qui fait remonter l’Évangile de Luc au début des années 60.

    Troisièmement, le langage utilisé dans les Évangiles et dans les Actes des Apôtres indique qu’ils ont été écrits dans un temps précédant la persécution.

    La première grande persécution envers les chrétiens eut lieu sous Néron en 64 : ils ont été crucifiés, brûlés, jetés à des chiens affamés, comme le rapporte l’historien romain Tacite (Annales, 15, 44).

    Il est parfaitement impensable que Luc eût omis de mentionner ces atroces persécutions dans le livre des Actes, si elles avaient déjà eu lieu.

    Cela aurait été une occasion rêvée d’insister sur la bravoure des chrétiens martyrisés pour leur foi en Jésus.

    De plus, lorsqu’on regarde les écrits chrétiens datant d’après 64, on remarque souvent qu’ils manifestent une certaine colère face aux Romains qui les persécutaient.

    Rien de cela dans les Évangiles ou dans les Actes des Apôtres qui, au contraire, ont une attitude sympathique envers Rome (Ac 21,28 ; Ac 27,3 ; Mc 15,39 ; Mt 8,5-13 ; Lc 7,1-10 ; Ac 26,24-27).

    Or, dire du bien des Romains après la grande persécution serait équivalent à dire du bien des Allemands juste après 1945.

    Il est donc probable que les Évangiles et les Actes aient été écrits avant la grande persécution de 64.

    Enfin, la dernière raison invoquée par les historiens nous donne davantage de précision. Elle commence par dater les Actes des Apôtres pour ensuite en déduire la datation des Évangiles. La fin des Actes est centrée sur le personnage de Paul racontant ses diverses péripéties, avant de s’arrêter brutalement quand Paul arrive à Rome.

    Le verset en Actes 28,30 affirme qu’une fois à Rome, Paul y resta deux ans avant son procès. Et le livre des Actes s’arrête presque aussitôt, sans nous donner le verdict du procès, ni même parler de la mort de Paul qui eut lieu vers 65.

    L’explication logique de cela est que le procès n’avait pas encore eu lieu. En effet, vu le suspens culminant jusqu’à la fin des Actes, il aurait été logique pour Luc de mentionner si Paul avait été condamné ou non.

    S’il avait été condamné, Luc en aurait sûrement profité pour décrire son glorieux martyre et ses souffrances pour le Christ ; et s’il avait été relâché, Luc aurait sûrement mentionné sa lutte glorieuse contre le tribunal.

    L’analyse la plus logique face à cet arrêt brutal dans la rédaction des Actes des Apôtres est que le procès était en cours et que Luc ne pouvait pas encore donner le verdict.

    L’exégète libéral Adolf von Harnack commente : « Tout au long des huit derniers chapitres [des Actes], Luc garde ses lecteurs intensément intéressés par le déroulement du procès de saint Paul, et il finit par le décevoir complètement. Le lecteur n’apprend rien du résultat final du procès !  […] Il semble désespéré que nous puissions expliquer pourquoi le récit s’interrompt ainsi, autrement qu’en supposant que le procès n’était pas encore arrivé à son terme. […] Si Luc écrivait ainsi en l’an 80, 90 ou 100, il serait non seulement un historien maladroit mais un historien absolument incompréhensible ! [...] Nous devons donc conclure que les derniers versets des Actes des Apôtres, pris en conjonction avec l’absence de toute référence au résultat du procès de saint Paul et à son martyre, impliquent très probablement que l’ouvrage a été écrit à une époque où le procès de saint Paul à Rome n’était pas encore terminé » (Adolf von Harnack, The Date of the Acts and the Synoptic Gospels, 1911).

    Ainsi, les Actes des Apôtres ont probablement été écrits deux ans après l’emprisonnement de Paul (vers l’an 60), ce qui les fait remonter à l’an 62.

    On notera aussi que les Actes ne mentionnent ni le martyre de Jacques le Juste qui, lui aussi, eut lieu en 61-62, ni celui de l’autre héros des Actes, Pierre (vers 64).

    Si les Actes avaient été écrits plus tard, on ne voit pas pourquoi l’auteur (Luc) aurait voulu laisser le lecteur en suspens, sans mentionner le sort final de Paul et omettre complètement les martyres de Pierre et Jacques le Majeur, d’autant plus que les martyres d’Étienne (Ac 7) et de Jacques le Mineur (Ac 12,1-2), eux, sont mentionnés.

    Les Actes ne mentionnent pas non plus la guerre entre Juifs et Romains qui se déroula en 66, ni la persécution sous Néron (qui eut lieu en 64), ni la destruction du Temple de Jérusalem.

    Voilà une quantité d’éléments qui ont de quoi mettre dans l’embarras les exégètes libéraux qui penchent pour une datation plus tardive des Actes (vers les années 80) !

    La datation des Actes des Apôtres nous aide à y voir plus clair pour celle des Évangiles. En effet, nous savons que les Actes ont été écrits après l’Évangile de Luc, car les deux s’adressent à la même personne (Ac 1,1 ; Lc 1,1-4) et Luc dit à Théophile qu’il s’agit de son second livre.

    Par conséquent, l’Évangile de Luc fut probablement écrit avant 62, lui aussi.

    Voyons enfin ce qu’il en est des autres Évangiles. Au niveau universitaire, l’étude de l’ordre dans lequel ils ont été écrits se nomme le « problème synoptique ».

    Depuis plus d’un demi-siècle, les experts pensent que l’Évangile de Marc fut écrit le premier, car Matthieu et Luc semblent en reprendre des éléments.

    Les exégètes affirment aussi qu’il y a de fortes chances que Luc ait été écrit après Matthieu et Marc, puisque Luc commence son Évangile en indiquant que d’autres Évangiles ont été écrits avant lui (Lc 1,1-3). Et comme Luc a été écrit au tout début des années 60 (nous venons de le voir), il s’ensuit que Matthieu et Marc ont probablement été écrits dans les années 50. John A. T. Robinson, qui est loin d’être un conservateur, propose même de dater Marc vers 45.

    Ainsi, nous avons de bonnes raisons de penser que les Évangiles synoptiques furent écrits entre le milieu des années 50 pour Marc (bien que certains morceaux soient plus anciens) et le début des années 60 pour la version grecque de Matthieu, Luc et les Actes.

    Dans tous les cas, nous avons là des dates bien antérieures à l’an 70.

    La thèse des récits légendaires est donc réduite à néant.

    Pour qu’une légende apparaisse, il faut que les témoins oculaires (ainsi que leurs enfants et leurs petits-enfants) soient morts depuis longtemps, laissant ainsi assez de temps pour que le compte rendu d’un événement soit grandement modifié et puisse s’inscrire dans l’imaginaire collectif.

    Les Évangiles et les épîtres ont été écrits beaucoup trop tôt pour que cela se produise.

    Les experts estiment que la fiabilité de la Tradition orale peut durer près de deux cents ans (Marlene Ciklamini, « Old Norse Epic and Historical Tradition », Folklore and Traditional History, 2018).

    Les Évangiles ont donc une marge largement suffisante pour préserver les propos authentiques de Jésus, ce qui renforce considérablement leur crédibilité historique.

    les témoins occulaires de JESUS (livre en pdf)

    Selon certains imams les Évangiles ne sont pas historiquement fiables, car ils auraient été rédigés par des anonymes, longtemps après la mort des apôtres, ou falsifiés :

    Or, cette thèse contredit toutes les données historiques dont nous disposons.

    L’attribution traditionnelle des Évangiles à Luc, Matthieu, Marc et Jean est historiquement très crédible.

    La totalité des manuscrits anciens qui nous sont parvenus comportent des titres complets : « Évangile selon Matthieu », « Évangile selon Marc », etc.

    Il n’existe aucun manuscrit d’Évangile sans son titre ni son auteur.

    Si ces textes avaient circulé de manière anonyme, toutes sortes de noms leur auraient été attribués (comme ce fut le cas avec l’Épître aux Hébreux). Or, aucune autre attribution n’existe.

    Avant l’an 400, personne n’a osé remettre en question cette traditionnelle attribution. Même les ennemis du christianisme, comme Celse, reconnaissaient que les Évangiles étaient bien de Matthieu, Marc, Luc et Jean.

    Enfin, l’Église primitive n’aurait eu aucune raison de mentir à ce sujet. Hormis Jean, les évangélistes ne sont pas des personnages de premier plan à même de renforcer l’autorité des Évangiles.

    Marc et Luc ne font pas partie des Douze, et Matthieu est un apôtre méconnu et peu aimé des Juifs, car il est collecteur d’impôts. 

    S’il avait fallu inventer des auteurs, ces choix n’auraient donc pas été très judicieux : il eût été largement préférable de faire appel à des personnages plus connus et prestigieux (comme Pierre, Jacques, Jean, Thomas ou André).

    SYNTHÈSE :

    Comment savons-nous que les Évangiles ont pour auteurs Matthieu, Marc, Luc et Jean ? En étudiant ce que nous disent les sources historiques primitives à propos de ces ouvrages.

    Si les Évangiles avaient d’abord circulé de manière anonyme, il est certain que des noms divers et variés auraient été attribués à leurs auteurs. Or, ce n’est pas le cas.

    La Tradition est formelle

    l’Évangile de Matthieu a été écrit par Matthieu 

    celui de Marc, par Marc (l’interprète de Pierre) ;

    celui de Luc, par Luc qui était médecin (Col 4,14) et compagnon de Paul.

    celui de Jean aurait été écrit par Jean, fils de Zébédée.

     

     

     

     


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